Tableaux de la vie urbaine chinoise : les chantiers du bâtiment, "l'huile de caniveau", un jardin de bonsaï, la vie des petits commerçants, le hip-hop chinois.
Mercredi 21 mars 2012
Mise à jour du vocabulaire utilisé hier avec ma guide. Courses au marché. Depuis le début du séjour, je passe chaque jour devant l'immense chantier à côté de la maison. Beaucoup de femmes y travaillent, presque autant que les hommes. Certaines qualifiées (plâtrières, peintres), mais beaucoup font les travaux les plus pénibles : gâcher le ciment, porter les seaux de ciment. Sur ces chantiers, à la fois des techniques modernes, à la fois beaucoup de portages se font à dos de femmes ou de manière rudimentaire, avec de vielles charrettes à bras, pour le sable, les briques…Souvent, les ouvriers sont loués à la journée et ont leurs propres outils (non fournis par l'entreprise) : l'un porte sa pelle et sa pioche, l'autre son matériel de peinture, un autre plâtrier, son propre échafaudage.
Cuisine pour le soir. Estelle organise un voyage pour des Suisses richissimes, s'énerve au tél ou sur internet, fait 3 choses à la fois. Je lui prépare un repas frugal qu'elle avale tout en pianotant sur son ordinateur. Je prends des rdv, avec Mimane le 3° larron du Irish Pub et avec ID, ONG, qui construit des stations de biogaz dans le Guizhou et le Yunnan. Je cherche en vain les coordonnées de Li Kunwu, l'auteur de BD.
Sieste puis courses à Métro (Mai te lu) avec Estelle. J'achète beurre et huile d'olive, denrées chères en ville. L'huile est souvent trafiquée, appelée ici "huile de caniveau" car elle est récupérée des restaurants qui la vendent après utilisation. J'ai vu plusieurs fois des camionnettes faire leur tournée en s'arrêtant devant chaque restaurant de la même rue. De retour, je sors me faire masser car j'ai mal au dos.
Le massage me détend et me soulage malgré la grande énergie utilisée par la masseuse du quartier. Repas à 3 avec Estelle et Céline, la coloc : soupe courge et patate douce, spaghettis bolognaise, gâteau à l'ananas et brochettes de fraises au caramel. Elles se régalent, j'interdis à Estelle de toucher son ordinateur.
Nous parlons de sa maison à Benzilane et de mon séjour chez elle.
Jeudi 22/03
Réveillé à 7h à cause du chantier, travail du vocabulaire, courses. Cuisine pour le repas de midi : chou chinois en salade, tarte aux fraises, avec Estelle et Céline. De nouveau massage avec Estelle dans une "usine à massage". Bien aussi.
Je déambule dans les vieilles rues en attendant 19h30 le rdv avec Guillaume pour aller à la fête de la Francophonie de "Français sans Frontières". Je vois des rues misérables, derrière les grands buildings modernes, des conditions de vie insalubres, des familles dans des garages et aussi des chambres de marchands de sommeil, de quelques m2, avec 4 lits superposés, une ampoule au plafond et rien pour ranger ses affaires. A côté, les taudis des années 50 sont grand luxe!
Chez Français sans Frontières, prise de contact, avec Yvon Vélot, à suivre avec Justine, son bras droit, pour les coordonnées de Li Kunwu, l'auteur de BD.
Vendredi 23/03.
Courses vite faites, mise à jour du vocabulaire d'hier. Rdv avec l' ONG 'Initiatives et Développement", dans ses locaux, elle s'occupe de stations biogaz, adduction d'eau, cuiseur à bois économe. Après-midi, fête de la Francophonie à l'université normale du Yunnan. Conférences, Shenghor, Césaire, littérature française, ateliers, buffet, spectacles. Je rencontre plein de gens, je dois en revoir certains à mon retour.
Samedi 24/03.
Réveillé tôt, ce n'est pas désagréable de profiter seul de l'appart pendant que les jeunes qui sortent souvent tard dorment encore. Rédigé l'entretien avec ID. Petit tour de marché, tarte aux fraises pour la retraitée. J'ai pris mon billet d'avion Kuning-Shanghai pour le 12 mai.
AM ma "guide" m'emmène au zoo, puis au Da Guan Lu, grand parc au bord du lac Dai, le grand lac qui borde Kunming, au pied des Monts de l'Ouest. Visite d'un jardin de bonsaï, très impressionnant et très beau, des arbres aux formes très étudiées, élaborées selon des règles d'esthétique très précises, des années de travail et de patience. Un très grand parc, de grandes pièces d'eau bordées de saules, des ponts aux arches harmonieuses, il fait bon s'y promener. Ma guide me questionne sur ma pension de retraite, je lui demande le montant de la sienne, elle a été ouvrière, elle avait 15 ans au moment de la Révolution Culturelle, à cette époque elle travaillait à l'usine. Aujourd'hui, sa pension s'élève à 1200 Yuans, soit environ 140 €. Sa fille lui donne 200 Y en plus par mois, pour l'aider. Elle dit qu'il faut tout calculer mais ne se plaint pas, je crois que son studio lui appartient. Je suis un peu frustré : je commence à pouvoir un peu échanger, mais mon chinois est encore insuffisant pour mener une conversation plus longue. Patience, ça vient.